Conférences de Marc Chemillier

jeudi 28 septembre 2017
par  Dominique TOURNÈS

Marc Chemillier est directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), à Paris. Muni d’une triple formation de mathématicien, d’informaticien et de musicien, il s’intéresse à la modélisation des savoirs relevant de l’oralité. Dans ce cadre, il conduit des recherches en ethnomathématique et en ethnomusicologie.

Pour un aperçu de ses travaux en 13 minutes, on pourra regarder la vidéo De la musique aux mathématiques... et réciproquement publiée sur le site AuDiMATH.

Pour aller plus loin, consulter son ouvrage Les mathématiques naturelles publié aux éditions Odile Jacob.

PROGRAMME DES CONFÉRENCES

Ethnomathématique et simulation informatique

Mercredi 4 octobre 2017 à 14h, Parc technologique universitaire, 2 rue Joseph-Wetzell, Sainte-Clotilde (bâtiment 2, 3e étage, salle de séminaire)

Résumé. — L’apparition de l’ethnomathématique il y a quelques décennies a rendu possible une recherche sur la pratique des mathématiques en dehors du contexte de l’écriture dans des sociétés de tradition purement orale, et la mise en place de véritables enquêtes de terrain consacrées à ces questions mathématiques. L’immersion du chercheur dans son contexte d’enquête s’appuie généralement sur l’usage d’artéfacts (crayons, carnets, caméras, enregistreurs audios, etc.) qui peuvent prendre aujourd’hui des formes très sophistiquées avec le développement de l’informatique. Il arrive même que l’on puisse développer des modèles théoriques traduisibles en programmes informatiques capables d’engendrer des substituts des phénomènes étudiés, c’est-à-dire des objets culturels conformes à ceux qui sont produits par des savoirs traditionnels. Par exemple, on peut calculer avec un logiciel adapté des configurations divinatoires dans le cas de savoirs concernant la géomancie. La confrontation de dispositifs de ce type avec la réalité du terrain ouvre des perspectives nouvelles qu’il faut interroger. On montrera deux exemples de cette approche dite de « simulation », l’un concernant une étude ethnomathématique menée sur la divination sikidy pratiquée à Madagascar, l’autre se rapportant au développement d’un logiciel pour l’improvisation musicale utilisé en interaction avec des musiciens malgaches.

Les automates musicaux, du dix-huitième siècle jusqu’à leur utilisation actuelle dans la musique malgache

Jeudi 5 octobre 2017 à 13h30, Parc technologique universitaire, 2 rue Joseph-Wetzell, Sainte-Clotilde (bâtiment 2, 3e étage, salle de séminaire)

Résumé. — En mathématique, les automates désignent des objets abstraits permettant de représenter des transitions entre évènements. Bien que le concept ne soit introduit sur le plan théorique qu’au vingtième siècle dans le sillage des travaux de Turing, il était déjà présent en musique dans les jeux de dés musicaux en vogue au dix-huitième siècle ainsi que dans de petits objets de l’époque appelés « componiums » où les degrés de liberté du système étaient matérialisés par des cylindres en rotation autour d’un même axe. Aujourd’hui, les automates musicaux sont utilisés dans des recherches sur l’improvisation avec ordinateur qui ont donné naissance au logiciel Djazz. On montrera les travaux réalisés avec ce logiciel en interaction avec des musiciens malgaches. On expliquera plus précisément comment l’improvisateur artificiel implémenté dans l’ordinateur se synchronise avec des musiciens réels dans le cas de répertoires traditionnels, notamment ceux qui sont basés sur les rythmes ternaires caractéristiques de l’océan Indien. L’exposé sera illustré par des vidéos présentant un projet mené avec le guitariste virtuose de Madagascar Charles Kely Zana-Rotsy dont la musique est un prolongement original des traditions malgaches s’ouvrant au jazz et à la world music.


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