Pour chaque méthode de vote, la même méthode d’agrégation est appliquée :
On additionne, pour chaque candidat, les notes que lui ont données les électeurs. Est déclaré élu, le candidat qui a la plus grande note globale.
Le dépouillement avec le tableur est donc relativement aisé.
Trichotomique
Pour le vote trichotomique, puisque nous avons choisi de ne pas faire voter numériquement, on doit traduire en notes les votes textuels. Comme additionner 0 ne change pas plus une somme que de ne rien additionner, on n’a pas besoin de compter (avec « countif ») les notes nulles ; et comme les « signale » sont comptés négativement, l’addition revient à soustraire le nombre de « signale » au nombre de « like » :

La formule à entrer dans la cellule B125 est donc la suivante :
=countif(B3:B118;"Je like")-countif(B3:B118;"Je signale")
Puisque 27 personnes ont « liké » Nathalie Arthaud, et que 27 autres personnes l’ont « signalée », elle totalise un score nul.
En recopiant cette formule dans les autres colonnes, on obtient les résultats du vote trichotomique :

Plus important que le vainqueur de ce vote trichotomique, ce diagramme nous apporte une information cruciale sur la psychologie de l’électorat qu’un vote uninominal aurait masqué : La plupart des candidats ont des notes négatives, donc d’une manière générale les candidats ne sont pas aimés par leurs électeurs !
Borda
Pour le vote Borda, la feuille de tableur ressemble à ceci (on voit notamment qu’il est difficile de lire les nom des candidats, qui sont des entrées d’un tableau) :

Pour connaître la note de Nathalie Arthaud, on entre en B70 la formule du Chevalier de Borda :
=sum(B3:B64)
Le score de Nathalie Arthaud est, d’après le tableur, égal à 337 :

Il suffit de recopier cette formule vers la droite pour obtenir les scores des autres candidats. Celui qui a été élu par cet échantillon est celui des 11 qui a le plus haut score de Borda. La suite de l’exercice consiste à trouver lequel parmi 11 nombres est le plus grand, puis à regarder lequel des candidats a eu ce score. Ce qui peut être fait en cycle 3 voire en cycle 2.
Le tableur propose un choix de graphiques impressionnant, notamment le diagramme en bâtons qui permet de voir au premier coup d’œil que le gagnant est l’avant-dernier candidat dans l’ordre alphabétique :

Le diagramme circulaire aussi permet de voir qui a la plus grande part du gâteau (mais il ne faut pas être daltonien pour voir que c’est l’avant-dernier dans l’ordre alphabétique) :

5-chotomique
Le dépouillement du vote 5-chotomique est similaire, mais l’affichage des noms des candidats permet de mieux voir les résultats :


Uninominal
On peut simuler un scrutin uninominal à deux tours avec les votes Borda :
- En ne regardant que les notes 11, on sait pour qui a voté chaque électeur au premier tour ;
- L’expression des préférences entre les candidats du second tour permet de deviner comment sont reportées les voix entre les deux tours : Par exemple, les électeurs de Nicolas Dupont-Aignan ayant dit qui ils préféraient parmi les 10 autres candidats, n’ont pas besoin de revoter puisqu’on sait déjà qui ils préfèrent parmi les candidats du second tour (en admettant qu’ils ne changent pas d’avis entre les deux tours).
Avec l’échantillon sur lequel a porté l’étude, les candidats qualifiés pour le second tour sont Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon :

Pour savoir comment tout le monde vote au second tour, on va comptabiliser les votes de chacun des deux candidats, en ajoutant 2 colonnes au tableur, l’une pour chacun des candidats. Par exemple pour Benoît Hamon, un vote sera comptabilisé
- chaque fois qu’un 11 figure dans la colonne G (on admet que ceux qui ont voté Hamon au premier tour revoteront Hamon au second tour)
- chaque fois qu’un 11 ne figure ni dans la colonne G ni dans la colonne K (sinon le vote est reporté depuis le premier tour), et qu’en plus la valeur de cette ligne à la colonne G dépasse celle à la colonne colonne K (l’électeur préfère Hamon à Mélenchon)
Pour savoir si l’électeur vote pour Hamon, on écrit la formule suivante dans le tableur :
=OR(G2=11;AND(G2<11;K2<11;G2>K2))
Et pour savoir s’il vote pour Mélenchon :
=OR(K2=11;AND(G2<11;K2<11;G2<K2))
Normalement, une et une seule des deux formules doit donner TRUE !
Ensuite, countif permet de compter les votes « pour » de chaque candidat ; et c’est le même candidat qui gagne à tous les modes de scrutin :

Pour conclure cette expérience :
L’échantillon n’étant guère représentatif de l’électorat français, il est difficile de comparer nos méthodes de votes virtuelles avec les résultats du vote réel.
Cependant, puisque nos trois méthodes de vote donnent quasiment les mêmes résultats, on peut en conclure que la première place de Mélenchon est un résultat robuste par rapport aux trois méthodes de vote.
D’autre part :
- le vote trichotomique avantage Poutou par rapport à Hamon, alors que les autres méthodes de votes ont l’effet inverse.
- Le vote trichotomique pourrait donner lieu à d’autres méthodes d’agrégation que l’algorithme de Borda ( la sommation). Une proposition est de sanctionner les candidats les plus « signalés » (par exemple en leur interdisant de se présenter à une élection, le temps de se faire oublier) et ainsi minimiser la tendance qu’ont les électeurs à voter pour un candidat uniquement parce qu’il est connu, même si c’est pour de mauvaises raisons.
- L’expérience a au moins permis de comparer les manières de voter, et la facilité à voter ; là, la méthode trichotomique, qui est une sorte de referendum amélioré, se place nettement en tête de la méta-élection, à en juger par le nombre de personnes ayant participé à ce vote ; à l’inverse, Borda est vu comme une méthode compliquée.
- Au second tour des élections présidentielles de 2017, le taux d’abstention a été d’environ 25% ; si on ajoute les bulletins blancs ou nuls, on conclut que le vote n’a pas été massif. La difficulté à ordonner 11 candidats pour le vote Borda, aurait pu agraver la situation, le nombre de votes nuls ayant risqué d’être élevé (que faire d’un bulletin comportant moins de 11 noms ?)
L’élection présidentielle a été l’objet d’un intéressant paradoxe : Trois des candidats [1] du premier tour appelaient à « la reconnaissance du vote blanc » : Les habitués du vote blanc ont-ils voté pour un de ces candidats, ou blanc ?
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