Les aventuriers du rubis perdu

1) Le temple

Dalvik transpirait abondamment: Depuis un épisode malheureux survenu dans son enfance, il détestait les serpents. Et là, il venait d'entrer dans le Temple du Python, au beau milieu de la jungle, quelque part dans l'île de Java. Les immenses statues représentant de grands serpents constricteurs qui l'avaient accueilli à l'entrée du temple ne présageaient rien de bon pour Dalvik et son herpétophobie: Il s'attendait à chaque pas, à chaque tournant, à voir surgir des serpents fonçant vers lui. En plus, depuis pratiquement le moment de son entrée dans le temple, le chemin s'est mis à descendre, et Dalvik se trouvait maintenant bien en-dessous du niveau du sol, à en juger par la chaleur et l'humidité. Et bien entendu, il faisait déjà presque noir.

2) La crypte

Dalvik transpirait abondamment, en raison de la chaleur étouffante qui régnait dans la sorte de crypte où il arrivait. Dalvik réalisa alors qu'il ne savait pas depuis combien de temps le chemin souterrain s'était mis à remonter. Et maintenant le chemin s'est élargi subitement, à un tel point que la torche que tenait Dalvik, et qui juste auparavant, éclairait les parois et le plafond, n'éclairait plus que le sol, et quelques mètres devant Dalvik. L'apparente immensité de la cavité angoissait Dalvik, parce que

  1. Une crypte aussi grande qu'une cathédrale pouvait cacher des millions de serpents;
  2. La recherche du rubis perdu serait proportionnelle, Dalvik le savait, à l'aire à fouiller...

Néanmoins, Dalvik commença à inspecter méthodiquement les parois de la crypte, en commençant par la gauche (une méthode que son ami Kruskall lui avait suggérée un jour, en sortant de l'amphithéatre)...

3) Le Python

Dalvik se mit soudain à ressentir des sueurs froides: Le sifflement qu'il venait d'entendre ne laissait aucun doute sur son origine: Un serpent, et un grand à en juger par l'intensité du sifflement. Dalvik tendait la torche à bout de bras, aussi loin qu'il le pût, dans la direction d'où émanait le sifflement qui glaçait le sang de Dalvik. Mais, bien que le sifflement se rapprochât de façon inquiétante, Dalvik ne parvenait pas à apercevoir la moindre écaille. Le serpent était à l'évidence en-dehors du champ de vision de Dalvik. Ceci dit, il se rapprochait, Dalvik l'entendait parfaitement, et il n'y aurait plus qu'à attendre un peu avant de voir le reptile...

Soudain, il perçut une lueur venant de la droite. Très lentement, il se tourna, la torche toujours à bout de bras, vers l'endroit où était apparue cette lueur. Il vit alors que la lueur était double, et ressemblait à deux saphirs dans lesquels se reflétait la lumière de sa torche. Puis il aperçut les écailles, et se rendit compte que les saphirs étaient en fait les yeux d'un immense python, dont la taille à elle seule suffisait à hypnotiser Dalvik. Fasciné par l'immensité de ce serpent, Dalvik ne put s'empêcher de trouver inhabituelle l'indentation de ses écailles.

4) La fuite

Le python s'apprêtait à attaquer Dalvik: Son corps immense était enroulé en boucles disposées l'une au-dessus de l'autre, en rang. Voyant cela, Dalvik sursauta comme s'il sortait d'un rêve, et se mit à courir droit devant lui, contournant le serpent par la droite et continuant à tenir la torche à bout de bras, pour éviter de trébucher dans son chemin. Pour dérouter au mieux les éventuels autres serpents qui se trouveraient devant lui dans le noir, il appliqua une méthode qui lui avait été suggérée par son collègue Bresenham: 5 pas en avant, un saut sur la gauche, 5 pas en avant, un saut sur la gauche etc. jusqu'à ce qu'il arrive à la paroi d'en face. Coup de chance, lorsque la torche finit par éclairer autre chose que l'air noir et humide qui emplissait cette crypte aux serpents, Dalvik aperçut un passage dans la falaise que sa torche éclairait: Il y avait une sortie, dans laquelle Dalvik s'engouffra en courant.

5) La salle du trésor

Dalvik transpirait abondamment suite à cette course éperdue, et haletait dans le couloir dans lequel il venait de s'engouffrer. Sa chemise était trempée, et il se dit nerveusement que sa tenue n'était pas très "select"... Mais il savait qu'il avait eu de la chance, puisque selon ses informations, la crypte n'avait qu'une entrée et une seule sortie. Et justement, Dalvik venait juste de prendre l'unique sortie. En plus, une lueur semblait émaner d'un point relativement lointain situé devant lui, en hauteur. Dalvik comprit vite que le couloir où il se trouvait était en pente ascendante, et que la lueur émanait d'une nouvelle salle située en bout de couloir.

En entrant dans cette salle, Dalvik comprit d'où venait la lueur: Au plafond de la salle était une sorte de puits, d'où entrait la lumière de jour. Dalvik éteignit donc la torche qui lui était redevenue inutile. Et en contemplant la salle du trésor du temple du python à la lueur du jour, Dalvik ressentit une immense déception: La salle était vide, pas le moindre rubis: Tout ce que voyait Dalvik devant lui, c'était la sortie de la salle du trésor, occupée par un train de mine permettant d'extraire de là les trésors. Et il était évident que les mineurs de fond avaient utilisé ce train depuis longtemps pour vider totalement la salle du trésor...

6) Le rubis retrouvé

Dalvik transpirait abondamment, à force de réfléchir: Il ne concevait pas que le rubis ne soit plus là alors qu'aucun receleur n'avait jamais essayé de le vendre: Où pouvait donc bien être ce rubis s'il n'était pas au dehors de ce temple? Dalvik commençait à pester, en repensant aux épreuves qu'il avait dû endurer pour entrer dans la salle du trésor. Or, au moment où il visualisait mentalement les yeux du python, Dalvik avait le regard tourné vers les rails au fond de la salle du trésor, et les reflets des deux saphirs se superposaient à la vue des deux rails parfaitement parallèles.

Dalvik se dit alors "bon sang mais oui, c'est ça: Les yeux, les rails: Le rubis est sur le rail, c'est évident!". Et effectivement, les mineurs en quittant la salle du trésor, n'avaient pas remarqué qu'un rubis était tombé de leur train. Dalvik n'eût plus qu'à se pencher pour admirer le rubis perdu dans le temple du Python de l'île de Java...

Fin